J’ai 35 ans, je suis atteint depuis mes 20 ans d’un trouble schizo-affectif pour lequel je suis reconnu handicapé et bénéficiaire de l’AAH depuis 2018. Ayant dû cesser toute activité salariale malgré une formation de journaliste, je reste actif par mon engagement bénévole associatif.
Je ne suis pas une personne à mobilité réduite mais je remarque autour de moi que beaucoup de bâtiments et de voies restent inaccessibles aux personnes en fauteuil. J’habite Avrillé à côté d’Angers, Maine-et-Loire.
Je remarque une double problématique quant à l’AAH : premièrement, le dossier reste fastidieux et le remplir tous les deux ou trois ans (taux d’invalidité entre 50 et 79%), le faire remplir par le médecin, attendre la réponse avec cette épée de Damoclès d’une cessation des droits malgré un handicap stabilisé, tout cela est générateur de stress. Deuxièmement, quand on a l’AAH pour seul revenu, c’est la croix et la bannière pour trouver un logement et pouvoir signer un bail de location, la plupart des propriétaires et des agences immobilières refusant, sans le dire explicitement, tout dossier sans autre revenu que l’AAH.
La MDPH s’appelle Maison Départementale de l’Autonomie dans le Maine-et-Loire. Dans mon cas, je n’ai affaire à cette administration qu’au moment de renouveler mon AAH (prochaine fois d’ici l’expiration de mes droits fin juillet 2027). Les personnes qui y travaillent, accueillent, informent et accompagnent le public, en grande majorité des femmes, prennent au sérieux leurs missions et se montrent bienveillantes.
Le CMP, qui assure mon suivi médical, est animé par des personnes qui font un travail remarquable mais qui sont confrontés à un sous-effectif chronique. Je ne peux pas voir mon psychiatre plus d’une fois tous les 2 mois ; certains rendez-vous sont annulés sans que je n’en aie été averti (deux fois avec une diététicienne indépendante intervenant au CMP ; une fois avec le psychiatre pour indisponibilité de ce dernier, lors de la dernière année) du fait d’un manque de personnels administratifs pouvant assurer la communication avec le public.
Depuis que j’ai été diagnostiqué en 2015 et reconnu handicapé en 2018, je n’ai pas été concerné par les problématiques liées à l’école.
Il est impossible pour moi d’occuper un emploi salarié, les cadences, les exigences, l’organisation du travail et de l’espace de travail étant profondément incompatibles avec l’anxiété généralisée et les épisodes psychotiques pouvant survenir à tout moment. Ne pas travailler dans un emploi reconnu (je considère comme un travail non-reconnu mon engagement bénévole associatif, presque à temps plein dans l’association Infoscope que je préside et par laquelle j’écris des articles, j’anime des streams Twitch et je réalise des documentaires) pèse dans les relations sociales, dans la place que l’on occupe dans la société avec d’insupportables discours culpabilisants sur l’assistanat, certes non dirigés spécifiquement contre les personnes en situation de handicap mais auxquels je ne peux être insensible.
Mon état de santé ne nécessite pas de proches aidants au sens communément admis.
Le logement est la principale problématique, non seulement pour l’accès aux personnes à mobilité réduite qui pose très souvent problème, mais surtout parce qu’un dossier de candidature de locataire ne comportant pas d’autres revenus que l’Allocation Adulte Handicapé est implicitement mais automatiquement mis de côté par 99% des propriétaires (pour les annonces de particulier à particulier) et 99% des agences immobilières gérant les locations. Les logements publics (HLM) sont beaucoup trop peu nombreux dans un marché de l’immobilier en tension comme à Angers et je pourrais, sans exagérer, être contraint d’attendre dix ans avant que les offices HLM accèdent à ma demande de logement social.