Atteinte d’une malformation congénitale de la colonne vertébrale, mon handicap évolue depuis ma naissance. Je suis fonctionnaire, professeure de lettres à l’E. Nationale. Toute ma carrière j’ai dû me battre pour mes droits et j’ai cofondé ANTHEN (association nationale des travailleurs handicapés de l’E.Nationale) pour faire évoluer la politique handicap de mon ministère. Nombre d’agents y vivent de graves discriminations et maltraitances.
Les établissements scolaires sont rarement accessibles. Dans la situation qui est la notre le bati des écoles revient aux mairies, aux conseils départementaux, aux conseils régionaux. Un enseignant ou un personnel administratif en fauteuil roulant par ex ne peut être autonome, il dépend de la bonne volonté de ses collègues. Les places PMR sont parfois occupées par d’autres. Ma liberté dans mon lieu de travail est entravée.
Le handicap des personnels est vu dans ce ministère comme un problème, c’est parfois dit tel quel aux agents concernés. Les délais d’adaptation des postes de travail sont bien trop longs, du fait d’un budget qui ne varie pas alors que les personnels BOE sont de plus en plus nombreux. Cela induit des souffrances, des arrêts de travail, et même parfois des démissions. De nombreux agents sont incités à partir pour invalidité alors qu’on pourrait mettre en oeuvre un reclassement dans l’EN ou une autre fonction publique. Les cadres dirigeants ne sont pas formés au handicap, ne connaissent pas leurs obligations au regard de la loi. Des aménagements d’emploi du temps (qui ne coutent rien !) sont refusés dans les établissements alors qu’ils sont préconisés par la médecine du travail, ceci « pour raison de service », rarement argumentée. La discrimination est monnaie courante, le correspondant handicap académique est débordé, il est compliqué de le joindre, on attend des référents handicap de proximité mais rien ne se fait.
Pas de remarque particulière sur la MDPH, hormis les délais importants pour les traitements de dossier.
Tous les cabinets médicaux ne sont pas accessibles, un comble…Il nous faut bien souvent faire et refaire sans cesse des dossiers, répéter indéfiniment notre histoire…
L’Ecole inclusive, comme elle se nomme, n’est pas satisfaisante. Il est urgent de former au handicap toute la communauté scolaire, de donner la parole aux principaux concernés. Le nombre d’AESH est insuffisant, elles sont mutualisées et non reconnues, insuffisamment formées également. le handicap est l’affaire de tous. Beaucoup d’enfants en situation de handicap se sentent exclus, certains sont harcelés…
On ne peut mettre en place « l’inclusion scolaire » sans oeuvrer pour que le milieu du travail soit lui aussi véritablement inclusif. L’aménagement raisonnable doit être systématique, il est présent dans la loi française et dans les lois européennes. Le maintien dans l’emploi doit devenir une priorité. Les travailleurs en situation de handicap ne sont pas que des variables d’ajustement qui permettent à l’employeur de ne pas payer d’amende. le Duoday est une initiative trop rare et trop verticale.
Des formations et des séjours de répit pour les aidants devraient être systématiquement proposés. Trop d’aidants vont au bout de leurs forces, ils se sacrifient totalement.
J’ai un handicap reconnu à 80% d’invalidité, j’ai étudié sans aménagement à mon époque, j’ai passé mon concours sans aménagement non plus. J’ai un niveau bac + 4, j’ai passé l’an dernier un D.U d’expert handicap (institut du travail université de bordeaux). J’aimerais beaucoup m’engager dans cette voie du handicap et des politiques publiques, car ce combat est essentiel et urgent. J’aimerais être reçue au titre de notre association, Anthén, par la ministre de l’E. Nationale.