Roux sur roues en lutte pour plus de droits depuis 31 ans
Concernant l’accessibilité, j’ai une histoire à raconter. Alors qu’on m’avait attribué un logement social en 2023 et qu’on m’avait juré qu’il était adapté aux PMR, ce n’était pas du tout le cas. J’ai dû attendre un an avant de pouvoir profiter d’un appartement plus accessible sans que ça ne soit parfait. Aucune solution de repli ne m’a pas été proposée pendant ce laps de temps, m’éloignant un peu du marché de l’emploi et de mes amis pendant 14 mois (car oui, j’ai dû retourner vivre chez ma mère qui habite dans un autre département pour pouvoir vivre décemment, faute de mieux à Nantes). Pour que cette situation ne se reproduise plus, je souhaite que:
-des personnes porteuses de différents types de handicap soient associées à la construction d’appartements dits « PMR » afin d’établir un accès minimal.
– une sanction financière dissuasive pour les bailleurs sociaux ne respectant pas le minimum requis en terme d’accessibilité quotidienne du logement
Les MDPH sont loin d’être à la hauteur: des délais de traitement trop longs, jusqu’à très récemment (2021), je devais prouver que j’étais toujours handicapé pour pouvoir toujours avoir la CMI, l’AAH et la carte de stationnement. (mon handicap a été déclaré en 1994 et la MDPH du Morbihan qui savait très bien que mon handicap ne pouvait pas disparaître me demandait quand même cela. C’est une grave atteinte à ma dignité en tant qu’être humain)
Je ne remercierais jamais assez les AESH qui ont contribué à mon bien-être à l’école et m’ont accompagné dans ma réussite jusqu’à mon entrée dans l’enseignement supérieur. Ces accompagnements doivent être renforcés avec davantage de recrutements, de meilleurs salaires et un accompagnement longue durée notamment pour certains profils spécifiques
Alors qu’on me disait que mon BAC+5 me protégerait du chômage, le marché du travail et sa réalité m’ont ramené à ma condition de personne handicapée. De multiples discriminations à l’embauche en raison de ma condition de personne handicapée m’ont contraint à attendre 5 ans avant de trouver un emploi. Mais le problème de fond, c’est que beaucoup d’employeurs encore aujourd’hui ne regardent pas les compétences mais la condition de la personne, rendant très compliquée l’insertion professionnelle même avec un haut niveau d’études. Dans les quelques situations d’emploi que j’ai pu avoir, j’ai aussi remarqué une vraie difficultés des employeurs à proposer un poste en phase avec leurs attentes. En exemple: j’ai d’abord eu un emploi à temps plein dans une université. Peu de temps après la prise de poste, je me rends compte que le poste est trop énergivore et je demande à basculer en temps partiel. J’étais très heureux quand on m’a proposé un mi-temps, un peu moins quand j’ai vu les conditions de travail: seul sur le poste avec des échéances précises à respecter (pas de possibilité de reporter à plus tard les choses), peu formé pour un poste qui restait nouveau et surtout malgré la bonne volonté affichée, aucune prise en compte de mes contraintes de santé (fatigabilité importante, besoin d’un suivi régulier en kiné). Tout cela a bien sûr abouti à un burn-out qui a duré 3 semaines, car j’ai su repérer les premiers signes et m’arrêter à temps. Bref, je retiens que de manière générale, derrière les beaux discours, le marché du travail est aujourd’hui profondément inadapté aux individus et plus particulièrement à ceux porteurs d’un handicap, auxquels on demande une productivité toujours plus importante sans tenir de leur état de santé général et sans s’assurer de leur bien-être au travail