ⓘ Plateforme de témoignage de la mission d’évaluation de l’Assemblée nationale sur la loi du 11 février 2005.

ⓘ Plateforme de témoignage de la mission d’évaluation de l’Assemblée sur la loi de 2005.

il y a 2 mois

Témoignage de

Laure

Professionnel

Je suis kinésithérapeute libérale et je prends en charge des patients lourdement handicappés.

Accessibilité

Je commence la prise en charge dans nouveau patient traumatisé cranien. Il se déplace en fauteuil roulant électrique, réalise ses tranferts avec supervision. Pour venir à mon cabinet, il utilise un service de la ville (Handibus). Mais il n’a le droit qu’à un seul aller-retour par jour. J’organise donc mon planning (déjà plein) autour de lui pour le faire venir les jours où il n’a pas RDV chez l’orthophoniste. (Et dommage pour lui s’il doit aller faire des courses alimentaires ces jours-là…) Je lui trouve des créneaux à 17h. Mais le handibus, ayant une flotte de véhicules et professionnels trop restreinte, laisse la priorité aux PMR qui travaillent. Donc refusent de l’emmener en kiné. Les ambulanciers ne peuvent l’emmener car il n’arrive pas à faire seul son tranfert vers un transport assis. Et mon patient refuse le transport allongé (malade en voiture, image de soi dégradée et absence de son fauteuil roulant électrique en kiné donc dépendance ++). Je vais donc INTEGRALEMENT repenser mon planning (mes visites en ehpad et centre d’accueil pour personnes en situation de handicap sensoriel, tous mes patients actifs et retraités) autour de LUI et ses transports. Je touche du doigt la réalité du handicap et de son organisation lorsque l’on cherche de l’autonomie. Tout est compliqué et inadapté malgré les avancées réalisées. Il me reste l’option de la visite au domicile du patient. Mais j’ai moins de matériel sur place donc une prise en charge moins adaptée. Et absence de sociabilisation du patient qui viendrait au cabinet et rencontrerait des gens. Et absence du contact de mes patients valides avec quelqu’un en situation de handicap ! Donc invisibilisation de cette population. De mon point de vue de kiné, c’est décourageant de prendre en soin ces personnes car ce sont des prises en charge lourdes physiquement pour nous, chronophages, peu valorisées financièrement (que je garde ce patient 30min ou une heure, je touche la même somme de 24€. Or 30min ne sont pas suffisantes. Je fais donc 30min de séance bénévolement), et difficiles à organiser. Je pense que beaucoup de kinés auraient refuser cette prise en charge car trop compliquée à organiser.

Accès aux droits

Je suis formée en langue des signes française car importante communauté sourde dans notre ville. L’ordre des kinés verrouille l’information : je n’ai pas le droit de communiquer sur cette compétence. Mon planning est plein, je n’ai pas BESOIN de nouveaux patients. Mais les sourds de Poitiers ont enfin un professionnel de santé qui parle leur langue (nous sommes encore bien assez peu nombreux !!) et ils n’ont aucun moyen de le savoir. Ils n’ont donc pas accès à des soins dans leur langue. Dommage !

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Autres remarques

Merci de faire bouger les choses ! :)
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