Je suis enseignante spécialisée dans une Unité localisée d’inclusion scolaire (Dispositif ULIS) au sein de l’éducation nationale. J’accompagne donc au quotidien des élèves (4ème/3ème) en situation de handicap et leurs familles. Je suis également formatrice.
Concernant les locaux des établissements scolaires, l’accessibilité est encore trop minime pour répondre à l’ensemble des besoins des élèves. L’accessibilité pédagogique universelle se confronte à de nombreux freins.
Les droits des élèves en situation de handicap ne sont pas totalement respectés au sein de l’Éducation Nationale. Face à certaines dérives et au non-respect de certains droits, les enseignants spécialisés portent souvent seuls le combat. Les conditions du métier sont très difficiles. De plus, le gouvernement prône l’école inclusive mais les moyens sur le terrain en cessent de baisser et les premiers perdants sont les élèves et leurs familles. Sujet très actuel car dans l’académie de Paris les dispositifs ULIS collège perdent 4h. C’est inadmissible.
Les familles sont souvent démunies face aux démarches à effectuer auprès de la MDPH. Les dossiers sont très lourds et pour les familles qui ne maitrisent pas bien le français ou en fracture numérique c’est la double peine. Nous les aidons au quotidien dans les démarches administratives (la plupart du temps hors temps de travail).
Des élèves obtiennent une notification vers le milieu médico-social souvent IME/IMPRO mais faute de place ils sont accueillis au sein des dispositifs ULIS, ce qui engendre chez certains élèves énormément de souffrance et complique la prise en charge au collège. La qualité du travail en partenariat avec les structures de soins (SESSAD, Hôpitaux de jour, CMP) dépendent vraiment du contexte de chaque structure. Il me semble que ce travail commun devrait être renforcé et un décloisonnement me semble nécessaire. Pour finir, de nombreux élèves n’ont plus de soins ce qui est, dans certaines situations, dramatique. Ce qui s’explique aussi par l’engorgement des structures de soins, parfois 6 mois pour obtenir une place en CMP.
L’école est en grande souffrance ce qui n’aide pas à l’inclusion des élèves en situation de handicap. De plus, si le gouvernement se félicite de l’augmentation du nombre d’élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire, cela ne suffit pas. En effet, la capacité structurelle a les accueillir n’a, elle, pas augmenté et la qualité ne suit pas. Nous sommes encore trop dans l’intégration plutôt que dans l’inclusion. Nos élèves méritent plus de moyens et une place bien plus grande au sein du système éducatif et de notre société.
En tant qu’enseignante spécialisée, je passe de nombreuses heures à construire le parcours avenir avec les élèves et leurs familles et à travailler sur leurs orientations (notamment hors temps scolaire). Leur parcours est semé d’embûches: difficulté à trouver des stages professionnels, pas de structure adaptée après le collège pour les élèves où le niveau scolaire ne permet pas une formation professionnelle, manque de places dans certaines filières professionnelles, marché du travail qui exclut les personnes en situation de handicap où qui les cantonnent dans certaines filières, image sociale négative de la voie professionnelle, voie générale souvent inaccessible. Si de nombreux élèves ont pu obtenir un CAP ou un BAC Pro, trouver un emploi reste très complexe.
Nous travaillons quotidiennement avec les proches aidants de nos élèves (principalement parents mais parfois éducateur/tuteur). Le handicap soulève de nombreuses questions dans les familles et la transition post-collège est souvent éprouvante. Je remarque aussi dans certaines familles un cumul de facteurs de vulnérabilité.
Suite aux dernières mesures concernant les dispositifs ULIS, j’ai essayé de coordonner un mouvement des enseignants spécialisés afin de rendre plus visible notre métier (totalement méconnu) et de défendre les droits des élèves. Avec des collègues mais aussi avec des enseignants d’UPE2A nous avons mené des actions et alerté la presse. Nous rencontrons dans les semaines à venir des élus et nous restons à votre disposition pour échanger.