Éducatrice spécialisée en exercice libéral depuis 2020 en Ille et vilaine- Membre du groupement national Humacitia, de Travailleurs sociaux en exercice libéral
Des efforts commencent à s’opérer en terme de prise de conscience de la nécessaire accessibilité. Formatrice handicap pour le droit commun et le déploiement de leurs politiques handicap, je remarque que les structures ont conscience de la nécessité de rendre accessible au plus grand nombre leur service. L’envie les conduit à se former, se questionner, chercher des outils pour être plus en adéquation avec les besoins du public spécifique. Les handicaps visibles sont plus intuitifs et l’accessibilité est plus évidente. Pour le handicap invisible et notamment les fragilités psychiques, les représentations sont encore tenaces et les freins importants, conduisant plus à de la suspicion que de la compensation. Les relations sont délétères quand l’interconnaissance n’a pas pu se mettre en place et les besoins exprimés n’ont pu être considérés.
Les personnes en situation de handicap connaissent très mal leurs droits, notamment celles qui ne sont pas accompagnées des services de tutelle.
Les familles ou personnes en gestion personnelle, énoncent que très peu de droits sur la quantité possible dans le champ du handicap, mais pas que. Le système est complexe. Le manque d’informations est réel (malgré les sites internet ), la fracture numérique importante et le manque de professionnels en face à
face criant. Et tout cela a pour conséquence un désœuvrement administratif, du stress mais surtout une mise à l’écart d’un système dans lequel l’accompagnement humain est primordial, pour bien comprendre et être pleinement en capacité de citoyenneté. Mais cela demande de laisser le temps de l’explication, de la rencontre, de la disponibilité et surtout des Personnes ! L’informatique a complexifié les accès quand il était censé simplifier.
Le délai est souvent long (12 à 18 mois), ce qui met les familles ou les personnes en situation de handicap, en posture d’attente du Graal, appelé « notifications », pour avoir le droit d’être « reconnu », comme tel et bénéficier d’une attention sociétale.
Le dossier MDPH ne répond pas aux critères d’accessibilité, le FALC n’est pas mis en pratique directement. Les accompagnateurs sont parfois dans une difficulté à remplir, à argumenter le document.
Le site internet n’est pas du tout simple et intuitif
-> Quid de l’intérim du social et de la fragilité des recrutements
-> Quid du recours illégal aux libéraux pour effectuer les remplacements ( travail déguisé) et mis en avant par des « agences » qui se disent légales
-> Quid de l’utilisation des CESU pour financer illégalement les prestations des éducateurs spécialisés notamment, qui ne rentrent pourtant pas dans le répertoire Dreets des métiers du service à la personne. Et pour cette modalité se multiplie dans certains départements, au point que ceux qui ne les refusent pour être dans un cadre légal, sont dénigrés. Ils le sont également quand ils expliquent que leur prestations n’ouvrent pas droit au crédit d’impôt pour les mêmes raisons.
-> Quid du manque de places en établissements dans le département 35 et des situations de rupture qui mettent des mois voir des années à trouver solution.
-> Quid de ces mamans qui ont arrêté de travailler pour « garder » leur enfant, ado ou adulte en situation de handicap H24 7/7 car les établissements sont sous dotés, les équipes peu formées, avec un turn over important (quand la stabilité s’impose). Les équipes travaillent en conditions dégradées très régulièrement, elles sont alors vite dépassées et ne peuvent ou ne veulent plus accueillir l’enfant, l’ado, l’adulte Trop….. Alors ces mamans se voient indemnisées de 800€ par mois par une allocation aidant familial à temps plein pour palier ce système. Faisons le calcul simple du coût d’une prise en charge institutionnelle Versus la solution familiale à temps plein: le calcul de rentabilité budgétaire est vite fait et beaucoup moins coûteux au contribuable.
Néanmoins, les familles demandent du répit car éreintées et en santé mentale fragile. Alors se créées des « plateformes de répit », des plateformes de conseils, d’orientation, des métiers APV qui renseignent orientent, coordonnent mais qui dans le concret recherchent des partenaires pour faire, accompagner, gérer le quotidien. Tous est démultiplié, il y a tellement de services que les familles sont perdues et ne savent pas par où commencer. Souvent j’entends » à quelle première porte je dois frapper pour avoir une solution ». Nous même du secteur sommes perdus.
-> quelques places supplémentaires en institution sur des temps partiels ne pourraient elles pas faciliter ce répit sans déployer moultes services de coordination.
-> une MDPH centrale dans la coordination des parcours, administrative mais aussi accompagnatrice pourrait être plus simple pour les familles et les interlocuteurs
Aesh peu nombreux, parfois peu formés ou en manque de compétences, dans le champ spécialisé, mutualisés ne couvrant pas le taux horaire préconisé.
Des écoles non formées à l’accueil du handicap et qui font face durant l’enfance au manque de places dans les IME, alors que l’orientation est une évidence. On laisse alors un grand nombre d’ enfants et d’enseignants en souffrance.
la RQTH est souvent perçue par les personnes comme un poids discriminatoire et non une ouverture de droits.
-> méconnaissance des droits et des solutions auxquelles elles pourraient prétendre.
Par ailleurs, des prestations comme les Appuis spécifiques, l’emploi accompagné, Cap emploi, Cap jeune, l’apprentissage accompagné, les CIP (CPHTI) apportent une vraie plus value dans l’insertion des personnes en situation de handicap et leur inclusion. Ce sont des prestations de réel accompagnement avec des humains qui prennent le temps de comprendre les personnes, leurs besoins et de faire que leur employabilité soit reconnue en dehors du secteur spécialisé.
Ils sont très courageux, combatifs, persévérants, militants car en plus d’être parents, ils sont Spécialisés.
Ils se sentent souvent isolés et n’ont pas toujours l’aisance de demander de l’aide
L’envie de proposer !!
-> Exonération de TVA pour les travailleurs sociaux en exercice libéral, réelle innovation sociale qui répond aux besoins des personnes et qui est une proposition au même titre que des établissements. Le choix est alors laissé à la personne dans son intérêt et ses envies.
-> inclusion et place des Travailleurs sociaux en exercice libéral au sein des écoles pour permettre la mise en œuvre des objectifs inclusifs
-> créer des postes d’éducateurs spécialisés en collège et lycée (au même titre que les ASS ou professeurs). Créer ainsi des Sas pour les jeunes en besoin spécifique ou présentant des troubles du comportement et qui nécessitent de se remettre en projet.
-> créer des postes à l’éducation nationale pour des orthophonistes, psychomotriciens, ergothérapeutes, qui pourraient intervenir au sein des écoles et éviter les temps de transport
-> repenser les RASED comme outil essentiel de l’inclusion et du mieux-accompagner les troubles des apprentissages.