Bonjour,
Je m’appelle Tsilla, j’ai 32 ans, je suis maman d’une petite fille de 5 ans et je suis mariée. Je travaille au Rectorat de Montpellier en tant que webmaster, avant j’étais enseignante de Lettres classiques.
Je suis polyhandicapée par plusieurs maladies invalidantes, je suis donc pmr. Je me déplace en déambulateur ou en fauteuil roulant la plupart du temps. J’ai aussi plusieurs troubles du neurodéveloppement.
Avec mon collègue de la SST, nous avons récemment entrepris de parcourir le Rectorat de Montpellier avec mon fauteuil roulant pour vérifier toutes les voies de secours et leur accessibilité. Bilan : rien n’est accessible, les portes ne sont pas aux normes, les pentes non plus. En cas d’incendie, je ne pourrais m’évacuer toute seule.
Pour venir au travail, je bénéficie d’un transport adapté car ayant testé la sncf et le tram, j’ai pu rencontrer de nombreux obstacles. D’abord, la sncf nous oblige à patienter 1/2h pour chaque trajet (soit 1h dans la journée) avec son service accessi+. La gare de Agde où j’habite n’est en effet pas du tout accessible et le personnel est contraint de me faire traverser les voix pour passer sur les quais. Il m’a aussi fallu commander un fauteuil qui réponde aux critères de la sncf. À quel moment doit-on être à ce poît contraint de choisir son aide à la mobilité en fonction de l’inaccessibilité des transports ?
Concernant le tram, le rêvetement du sol est glissant ce qui est dangereux en cas de pluie. En outre, le tram dépose en bas d’une montée « historique » du centre ville (entendez par là pleine de pavés) que je ne peux gravir seule avec mon fauteuil roulant.
Par ailleurs, mon logement n’est pas du tout adapté et nous attendons désespérément d’en trouver un dans un prix raisonnable en terme de loyer. Les villas plein pieds sont ici dans le sud inaccessibles en terme de prix, alors même qu’elles sont facilement adaptables à une personne pmr.
J’ai dû faire le recours du recours du recours de mon dossier mdph pour obtenir des droits et une reconnaissance appropriée de mon handicap (puisqu’OK m’avait octroyé la carte « station debout pénible » alors que je me déplace avec une aide à la mobilité qui me permet de m’asseoir à tout instant).
Le droit au logement est très problématique également nous avons déjà été discriminé par une agence immobilière et nous nous sommes vus proposer par les commissions de logements sociaux des logements dans une ville qui était trop loin de la nôtre, ou qui comportait 3 étages sans ascenseur.
Concernant la scolarité, j’ai fait un stage au bureau d’accueil des étudiants en situation de handicap. La confidentialité m’interdit de vous dire ce que j’y ai vu, mais les droits des étudiants en terme d’aménagements de cours sont très précaires. Et pour avoir été enseignante je peux vous assurer que certains propos tenus en salle des profs sur les élèves handicapés sont pénalement répréhensibles.
Pour terminer sur une note positive suivi au travail a toujours été vraiment extraordinaire à l’académie de Montpellier.
N’est-ce pas l’administration qui se trouve sur le septième cercle des enfers, à côté de la pizzeria qui a inventé la pizza à l’ananas ?! Si ce n’est pas le cas, ça y ressemble étrangement.
Je fais des dossiers depuis 2012, j’ai eu à faire 4 recours et refaire mon dossier 2 fois suite à des pertes. Est-ce qu’on ne pourrait pas simplement changer de système et passer aussi sur la dématérialisation ?
J’ai été suivie par un Savs puis un samsha (je ne sais pas si ça s’écrit ainsi). J’ai donc pu visiter l’ime tenu par l’apf qui réalisait mon suivi. Quand est-ce qu’on va commencer la désinstutionnalisation ?
Je travaille régulièrement avec le service de l’école inclusive : nous poussons par tous les moyens les actions, les formations, et tout ce qui permettrait une meilleure inclusion.
Le vrai problème c’est qu’on a trop de dispositifs qui coûtent chers et qui sont excluants (clis, ulis, segpa, erea, etc) alors qu’on pourrait changer de système et réduire le nombre d’élèves par classe avec l’argent économisés sur ces dispositifs et faire intervenir des enseignants spécialisés directement en classe entière.
Il est aussi important de réformer l’enseignement des professeurs, et d’inculquer que l’école est avant tout un lieu de socialisation. Qu’un élève au lycée qui ne connaît pas ses tables de multiplications y a toute sa place et que l’école n’est pas un lieu de tri social sélectif. Tant qu’on aura un système éducatif qui « trie » les élèves dans des dispositifs, on perdra beaucoup d’argent et on continuera de perpétuer la ségrégation.
Au niveau de l’éducation nationale (je vais parler de ce que je connais le mieux) il y a le boe pour devenir enseignant certifié. Mais aucun boe pour l’agrégation. Pour les postes haut placé.
Nous devons impérativement créer un accès à l’emploi sur ces postes stratégiques pour faire entendre nos voix.
Mon mari s’est fait embaucher comme auxiliaire de vie par une structure car il gagne plus ainsi qu’avec les dédommagements proposés par la mpdh. Ce qui veut tout dire du point de vue de sa considération par l’administration : pour le même travail, les associations ont plus de financements que les proches. Peut-être conviendrait-il de revoir totalement ce système pour que l’argent revienne en priorité aux familles.
De façon générale, l’argent -le nerf de la guerre- n’est jamais redistribué aux personnes qui en ont vraiment besoin. Il est dispatché dans des associations, dispositifs coûteux et parfois inutiles qui alimentent la ségrégation. Un exemple récent : la cohorte Marianne, à Montpellier. On finance une recherche à hauteur de 11 millions d’euros pour découvrir les causes épigénitiques des tnd. Mais que réclament les associations auto-représentées ? Qu’on finance plutôt des dispositifs sociaux qui fonctionnent et permettent une meilleure inclusion. Pourquoi ne peut-on pas sur ces questions en tant que premiers concernés, avoir un droit de regard ? Pourquoi la loi Élan est-elle passée et pourquoi maintenant que nous n’avons plus d’accès au logement, ne sommes-nous pas écoutés ? Nous devrions être les premiers bénéficiaires sur tous les plans, et ce n’est pas le cas.